Data Gouvernance, Data Strategy
25/10/2023

Déployer des Data Domains : jouons au jeu des 7 erreurs !


Auteurs : Vlad Flamind, Théo Vialard
Temps de lecture : 83 minutes
Quantmetry.com : Déployer des Data Domains : jouons au jeu des 7 erreurs !

La notion de data domains est centrale, pilier à part entière du Data Mesh. Dans cet article, nous vous partagerons 7 convictions pour réussir votre transformation autour des domaines.

Pourquoi constituer des Data Domains : La formule magique de Broda

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, je vous invite à lire les publications d’Eric Broda, expliquant plusieurs concepts clés du Data Mesh.

Dans son papier, il explique que deux facteurs participent largement au succès de la mise en place de produits Data :

  1. L’approche « Product-thinking » appliquée à la donnée assure la réponse systématique d’un produit à un besoin client majeur, quelles que soit son évolution dans le temps
  2. Les « Data Domains » : le maillon essentiel pour déployer et faire évoluer les produits, parce qu’ils sont (a) responsables de la santé de la donnée sur leur périmètre (b) composés de profils pluridisciplinaires capables de tenir cette responsabilité
The anatomy of a data product

Source : The anatomy of a data product, Eric Broda, Towards Data Science, Aug 19 2022

Le succès de la mise en place de data products repose sur la responsabilité de data domains envers un périmètre de données clair. Dans cet article nous partagerons notre retour d’expérience sur l’approche de découpage des data domaines et sur les erreurs à éviter lors de leur déploiement.

Les 7 erreurs communes lors du découpage et du déploiement des Data Domains

Démarrer le jeu sans fixer les règles

Avant toute étape de découpage des données par domaines, la phase préliminaire consiste à accorder toutes les parties prenantes de la donnée sur des besoins clairs et des principes de découpages associés qui serviront lors des étapes suivantes. A titre d’exemple, pour favoriser la fluidité des échanges, l’utilisateur de la donnée devra facilement trouver le responsable de cette dernière en ayant un point de contact unique. Pour ce faire, le principe à définir pourrait être que chaque métier ait un nombre limité de domaines associés (par exemple, la Direction Marketing utilise des données dont seulement 2 data domaines seront responsables).

Exemples de principes de découpage adoptés chez nos clients

Besoin Principe adopté
Garantir le bon niveau de sponsorship / leadership Un nombre limité de data domains, chacun contenant le maximum d’objets data
Eviter tout chevauchement de périmètre entre data domains Chaque objet métier inclus dans un seul et unique data domain dans la mesure du possible
Garantir un point de contact unique pour la communauté Pour chaque métier, un nombre limité de data domains associés
Rendre opérant la maitrise du cycle de vie de la donnée Un data domain doit être le reflet de quartiers fonctionnels

Dans cette première étape, fixer des principes de sélection propres à la fois aux domains consommateurs et producteurs permet de s’assurer que les priorités sont définies de manière pertinente et pragmatique.

Exemples de principes de sélection des data domains consommateurs et producteurs définis chez l’un de nos clients

Critères de priorisation des data domains Consommateurs Critères de priorisation des data domains Producteurs
1. Le data domain consomme des données à fort enjeux économiques / règlementaires pour l’activité de l’entreprise 1. Un programme majeur existe autour du data domain
2. Un ou plusieurs métier(s) couvert(s) par le data domain sont déjà membres du comité de direction data 2. Les données alimentent des processus règlementaires
3. Un data domain officer a été pré-identifié 3. Les données sont parmi les plus consommées par les autres data domains, notamment par les consommateurs priorisés
4. Les données alimentent des KPI clés
5. Les données alimentent des cas d’usages soutenant la stratégie d’entreprise

Partir à l’aventure sans avoir pensé la stratégie : approche top-down et bottom-up

Chez Quantmetry, nous privilégions généralement un mix des deux approches, afin de bénéficier d’une information la plus exhaustive et fiable possible.

Thématiques Approche TOP DOWN Approche BOTTOM UP
Principes Déterminer les objets métiers à partir des documents métiers et/ou organisationnels puis les data domains Déterminer les objets métiers à partir des documents informatiques (découpage des applicatifs…) puis les data domains
Démarche Découper l’entreprise à partir de documents métiers (processus, organisation…)

Identifier les objets métiers associés à ce découpage avec les métiers (par exemple en partant des processus)

Associer les objets métiers à des data domains

Recenser les objets métiers à l’aide d’un découpage informatique (par exemple au sein de chaque applicatif)
Avantages Lien fort avec le fonctionnement de l’entreprise

Identification du cycle de vie des objets métiers

Exhaustivité des objets métiers collectés
Inconvénients Obtention souvent compliquée d’un document permettant un découpage exhaustif et pertinent de l’entreprise

Décorrelé de l’existant SI

Découpage par l’IT décorrelé des métiers

Présence de concepts informatiques non souhaités

Quand s’en servir Dès que possible s’il y a des éléments existants sur lesquels s’appuyer Si l’approche TOP DOWN n’est pas possible ou en complément de l’approche TOP DOWN

Penser que le découpage des Data Domains n’est qu’une affaire de data

Les documents usuels permettant de décrire les données ne permettent pas d’expliquer réellement le sens métier. Ils ont davantage vocation à décrire techniquement la donnée pour favoriser sa gestion.

Pour comprendre davantage la raison ou l’activité nécessitant l’utilisation d’une donnée, il est nécessaire de recenser les objets métiers, c’est-à-dire les concepts contenant des données et manipulés dans le cadre des processus de l’entreprise. Par exemple, un contrat est un objet métier, manipulé dans le cadre de multiples processus et contenant des données comme le nom du client, son ID client, son numéro de contrat, les services souscrits, entre autres.

Le découpage des Data Domains nécessite ainsi un travail préalable de recensement des objets métiers. Cela permettra aux métiers de s’accorder sur une terminologie commune (qu’est-ce qu’un client ? quels sont ses attributs ?) et d’être le plus exhaustif et pragmatique possible lors du découpage des données en Data Domains.

Sous-estimer le temps nécessaire pour réaliser cette étape est une autre erreur, puisqu’elle nécessite d’étudier les processus de l’entreprise en profondeur.

Garder en l’état le bon vieux framework de gouvernance des données

Le Data Domain Ownership est un pilier de l’approche Data Mesh. Rare sont les évolutions sur l’un des piliers qui n’entraine pas des changements sur le second. Le déploiement de data domaines représente un changement organisationnel profond, où chaque domaine devra assumer de nouvelles responsabilités et gagner en autonomie. Dans ce cadre, faire évoluer le cadre de gouvernance des données est essentiel pour s’assurer de leur prise d’autonomie tout en garantissant une cohérence globale favorisant l’échange de données entre domaines.

De surcroit, l’opérationnalisation des Data Domains requiert de monter un équipage avec certains nouveaux rôles pour le faire naviguer : data owner, data steward, data domain officer, data product owner.

Laisser le navire voguer sans boussole

L’opérationnalisation des data domaines demande requiert de fixer un cap et de le suivre. Pour cela, le Data Domain Officer est le gardien de la boussole : avec l’aide de son équipage, il définira un cadre de déploiement du Data Domain avec une feuille de route, des objectifs, et des lignes directrices.

MANDAT

Construire le data domain: définir le TOM et assurer son déploiement continu

Animer le data domain : faire vivre son data domain et l’intégrer à la gouvernance fédérale

Gouverner le patrimoine : assurer l’accessibilité, la qualité et la conformité des données

Gouverner les projets data : piloter le sourcing, la priorisation et le suivi des projets data

PRINCIPALES RESPONSABILITES

En adéquation avec la gouvernance du Groupe

  • Décline la stratégie Groupe au niveau de son data domain
  • Structure le modèle opérationnel : organisation, processus clés, comités, outils, budgets…
  • Identifie, recrute ou nomme si besoin les contributeurs au niveau de son domaine : data owner, data steward, data scientist, data analyst, data engineer, responsable applicatif, expert métier…
  • Dégage du budget et des moyens sur son domaine
  • Assure l’acculturation générale des collaborateurs aux sujets data
  • S’assure du bon niveau de compétences des contributeurs via la formation si nécessaire
  • Remonte les KPI à l’entité centrale en charge de la gouvernance des données

On verra plus tard pour les Data Products

L’un des premiers chantiers du Data Domain Officer sera de définir les Data Products prioritaires à déployer. L’un des freins que nous rencontrons chez nos clients réside dans la compréhension de ce terme à grande échelle, la fixation de règles autour de ce concept et l’accompagnement tech pour soutenir le déploiement des premiers Products ; gestion des accès, déploiement des infrastructures, exposition des données, etc.

Déployer des Data Domaines opérants est une transformation profonde, semée d’embuches. Voici 3 convictions que nous portons pour appréhender au mieux ce changement :

  • La connaissance des processus de l’entreprise et des données associées est un prérequis pour avancer sereinement
  • Fixer des règles en amont et définir un mode opératoire sont essentiels pour aligner toutes les parties prenantes sur une stratégie de transformation objective, qui ne laisse pas la place aux débats
  • L’opérationnalisation des Data Domaines engendre des changements organisationnels qui doivent être accompagnés d’une évolution plus ou moins profonde sur les 3 autres piliers

Contactez Quantmetry et nos experts Jonathan Cassaigne, Vlad Flamind, Gill Morisse et Théo Vialard pour en savoir davantage sur notre approche de déploiement des Data Domains.

Les membres de l’expertise Data & Strat définissent une stratégie data et mettent en place le plan opérationnel de transformation pour tirer le meilleur des données au service des enjeux et des objectifs business.


Vlad Flamind
Vlad Flamind

Senior Manager

Depuis plus de 10 ans, j'accompagne les entreprises dans l'élaboration et le mise en oeuvre de leurs stratégies de transformation. Je développe un expertise particulière sur les enjeux data et IA.

Théo Vialard
Théo Vialard

Senior Data Consultant

Consultant en Data Strategy, j’accompagne les entreprises depuis plus de 5 ans dans la définition et la mise en place de leurs plans de transformation digital et data.

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